Merveilles du génie de l'homme : découvertes, inventions, récits, historiques, amusants et instructifs sur l'origine et l'état actuel des découvertes et inventions les plus célèbres / Par Amédée de Bast.

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lîiiers et les plus intelligents citoyens que le monde ait produits depuis la création. Et en conscience cependant, les populations de Londres, de Pai-is, de Vienne et de Berlin joueraient fort à leur aise aux quatre coins sur les ruines de Ninive. Un voyageur anglais méditait, il y a quelques mois, sur les dé- bris de cette immense cité qui n’est plus aujourd’hui qu’un désert couvert de pierres. Le touriste comparait peut-être les portiques restés -debout de Ninive à la grande salle des chevaliers de la Jarretière dans l’abbaye de Westminster, et un simple pan de tou- relle d’un demi-mille de long à la Tour de Londres ; et celte com- paraison ne flattait guère son orgueil national, lorsqu’il fut arra- ché à sa rêverie par un bruit étrange; il lui semblait qu’on traînait à ses côtés, sous les baùfes herbes qui encadrent les autels des - dieux comme les tombeaux des hommes, un lourd objet de métal. Notre voyageur écarta avec précaution les plantes parasites qui l’cmtouraient, et aperçut un énorme lézard dont la queue charriait malgré lui le terne diadème d’un prince de l’antique Ninive. Cette couronne, qui aurait pu ceindre le front de trois monarques du Royaume-Uni, y compris la tête de Charles 1®', était aussi remar- quable par la massive élégance de sa forme que par l’ampleur de sa circonférence. L’Anglais se’hâta de délivrer le reptile de son fardeau; et fier, à juste titre, d’avoir conquis une dépouille si précieuse sur les richesses d’un sépulcre inconnu, il reprit le che- min de la pauvre bourgade qui est jetée sur les ruines de Ninive, pour'apprendre aux enfants perdus de l’Europe la durée, la grandeur et la fin de cette civilisation, dont les peuples d’aujour- d’hui sont si vains, dont les peuples d’hier ne sont plus. Les nations éteintes ne peuvent se juger que par les vestiges de leurs monuments, que par leurs armes de guerre échappées au choc des batailles, à la rouille du temps. Pour voir ce que les Français valaient au quatorzième siècle, il ne faut que peser l’épée de Duguesclin et de Clisson; pour bien comprendre l’invasion des Goths et les défaites honteuses et successives des légions romaines, il suffit (le mesurer la lance des gardes prétoriennes et les cui-