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avant la mienne, dit M. de Luynes, en olTrant une médaille de
grande valeur ; je suis trop heureux de m’appauvrir en enrichis-
sant la nation. »
A une époque où les projets les plus singulièrement gigan-
tesques germent dans toutes les têtes et fermentent dans toutes les
âmes, on pourrait peut-être entreprendre un travail qui aurait le
triple avantage d’occuper beaucoup de bras, de faire faire à la
science un pas immense et d’éclaircir un point historique, et entin
d’offrir à ceux qui veulent jouer, un appât tout à la fois honorable,
sûr et considérable, ce qui ne se rencontre pas toujours dans les
loteries des lingots d’or, d’argent ou de platine. 11 s’agirait, selon
nous, — et après avoir consulté les savants sur les points à atta-
quer , — de détourner le cours du Busento, d’y pratiquer des
fouilles profondes habilement dirigées, et de se rendre maître ainsi
des trésors immenses enfouis sous les Ilots de ce fleuve avec le
corps d’Alaric, roi des Goths. Ce Barbare venait de dépouiller
cent provinces quand il mourut \ et il traînait après lui, sur trois
mille sept cents charriots, les richesses d’une partie des peuples ci-
vilisés du temps. Ces trésors furent ensevelis avec lui, et les savants
du onzième siècle les évaluaient à plus de cent quatre-vingt-quatorze
millions monnayés, sans compter les pierres précieuses, les dia-
mants , les coupes, les vaisseaux, les ornements de toute espèce,
(jui furent également enterrés ou plutôt entluvés avec lui. Quelle
belle et noble découverte pour la science, pour l’histoire, pour
l’archéologie! quels progrès, quel élan ce rappel, après quinze
cents ans de proscription de tant de richesses, imprimerait à
‘Marie, roi des Goths, l’un des plus cruels ennemis de reinphv romain, désola
plusieurs provinces d’Orienl, et vint s’abattre sur ritalie, oii il commit d’affreux
ravages, pillant, saccageant et tuant tout sur son passage. Après avoir porté le
fer et le feu dans Rome même pour se venger de la défaite qu’il avait éprouvée, et
de l’empereur qui l’avait vaincu par les armes de Stilicon, son général, il mourut
à Cosenza, en 410. Ses soldats, après avoir détourné le Busento, l’ensevelirent,
avec toutes les richesses qu’il avait accumulées, au milieu du fleuve, et pour que
le secret de cette tombe abhorrée du reste du monde fût bien gardé, ils égor-
gèrent les captifs qui avaient creusé la fosse, ou, pour mieux dire, l’immense tran-
chée qui devait recéler 1e corps d’un tyran et les richesses de tant de nations.