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fait la description en termes exprès dans son traité de Nul Hutte
Magiœ, publié à Oxfort en 1216. Vous pouvez, dit-il, exciter
du tonnerre et des éclairs quand vous voudrez : vous n’avez qu’à
prendre du souffre, du nitre et du charbon, qui séparément ne
font aucun effet, mais qui étant mêlés ensemble, et renfermés dans
quelque chose de creux et de bouché, font plus de bruit et d’éclat
qu’un coup de tonnerre.
Quoiqu’il en soit, Berthold Schwartz, malgré les Chinois, les
Maures, Pierre Mexia, l’archevêque de Léon et le grand Roger
Bacon lui-même, est resté en possession de l’honneur — lugubre
et déplorable honneur ! —d’avoir inventé la poudre à canon. Cette
invention qui, avec la découverte de 1a boussole et de l’imprimerie,
a si profondément ébranlé le monde et a amené le miracle naval
de Christophe Colomb et la réforme de Luther, a déplacé toutes les
qualités héroïques, toutes les forces naturelles individuelles. En
effet, depuis la poudre à canon, depuis que les haches, les framées,
les lances, les piques, les épées, les rondaches, les arcs et les da-
gues ont fait place aux fusils à mèche et à rouet, aux espingoles,
aux escopettes, aux pistolets, aux mousquets, aux carabines, et
enfin, aux fusils à silex ou à percussion, la force musculaire, la
vigueur léonine, comme disait Montaigne, est devenue inutile. Le
courage ne consiste plus à affronter la mort, il consiste à l’atten-
dre, à la voir venir de pied ferme. La bravoure qui se remue sans
relâche a dû céder le pas à l’intrépidité, qui ne bouge pas plus
qu’un bloc de granit. Cette politique militaire a peut-être été bien
favorable aux nations flegmatiques, mais elle a été généralement
désastreuse pour la France. Voyez donc combien nous avons perdu
de batailles — et presque sans combattre — depuis François F'
jusqu’à la fin du règne de Louis XIV. C’est que le Français aime
à courir après toute chose : après l’amour, après la gloire, après
la mort ; il se refroidit dans rattènte, il se morfond dans l’immo-
bilité. Nous avons reconquis les qualités des enfants de Brennus
deiuiis l’invention de la baïonnette qui a poétisé, si l’on peut s’ex-
primer ainsi, le bâton à feu, le fusil de nos ancêtres. Peut-être le