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cri vit pour et contre le système présenté par Bersgtrasser. Les
graves esprits de l’autre côté du Rhin déclarèrent les idées de
l’Hanovrien impraticables. L’Angleterre, dont le Hanovre était
déjà le pied à terre sur le continent, adopta le système de Bergs-
trasser, fit compter à l’auteur une somme de cinq mille livres
sterlings à titre d’encouragement, s’empara de sa théorie et la
perfectionna, à la grande surprise des gazetiers et des savants
allemands, qui gémissaient de voir la Grande-Bretagne employer
si mal son argent.
Quoi qu’il en soit, les recherches d’Amontons et de Bergstrasser
n’avaient pas hâté la. naissance officielle de l’art télégraphique.
La France, avec ce superbe dédain qui la distingue à l’endroit du
génie de ses enfants, ignorait jusqu’au nom du modeste et patient
académicien qui avait voulu l’ennichir d’une idée merveilleuse, et
l’Angleterre, satisfaite d’avoir splendidement récompensé un
étranger pour la découverte d’un instrument dont elle n’avait pas
encore mesuré l’importance politique, se pavanait entre son sucre
et sa cannelle, sans chercher à tirer parti de son achat.
Il était réservé à la révolution française d’adopter la science
télégraphique et de l’associer à ses grandeurs et à ses victoires.
Plusieurs systèmes de transmissions de mots ou de signes,
avaient été présentés à la Convention nationale. Mais le 22 mars
1793, cette Assemblée s’arrêta à la méthode dont l’abbé Chappe
était l’auteur.
Cet abbé Chappe n’était ni un savant, ni même un académicien,
c’était tout simplement un homme sérieux, patient, sagace, très-
intelligent et très-opiniâtre dans le travail, et qui ne devait sa
découverte qu’à un heureux hasard. Etant au séminaire, cet abbé
avait eu l’idée, pour correspondre avec ses frères placés dans un
pensionnat situé vis à vis ses fenêtres, et à une assez grande dis-
tance, de composer un attirail complet de télégraphie et d’inventer
des signaux. C’était cette théorie et cette pratique, singulièrement
perfectionnées par le célèbre horloger Bréguet, que l’abbé Chappe et
son frère venaient offrir à la Convention nationale, le 22 mars 1793.