The image contains the following text:
une barbarie mille fois plus horrible que celle des Golhs et des
Gépides, donnèrent aux beaux-arls et à la peinture en particulier
le loisir de se reconstituer. On vit alors, comme à la fin des per-
sécutions commandées par les empereurs, sortir des catacombes
de Rome des légions d’artistes qui s’y étaient cachés, comme jadis
des légions de chrétiens. Ainsi, les catacombes de la ville éter-
nelle avaient par deux fois sauvé la liberté et la civilisation du
monde, en abritant la croix proscrite et les beaux-arts persécutés.
Ce furent encore les Grecs qui reportèrent en Italie l’art de la
peinture. Au neuvième siècle, les arrières disciples de Zeuxis et
de Protogène exerçaient encore presque exclusivement à Rome
la peinture. Les démêlés du Saint-Siège avec l’Empire, les regret-
tables querelles surtout de Grégoire VII et de l’empereur Henri IV,
reculèrent la résurrection de la peinture. Mais l’art, patient comme
la vertu, attendit en silence, et bientôt les républiques italiennes,
Pise, Florence, Gênes, Venise, rivales de puissance, de richesses
et de gloire, ouvrirent à deux battants la porte de leurs opulentes
Cités au génie des arts, qui devait plus que leurs flottes, plus que
leurs trésors, plus que toute la magnificence du Bucentaure et de
la Cavarina, honorer leurs noms, et donner généreusement, pour
une hospitalité passagère, un brevet d’immortalité.
Dès ce moment, la civilisation était encore une fois sauvée du
naufrage, et l’Italie, après la Grèce, redevenait l’arche sainte, où
l’intelligence humaine attendait le retour de la colombe et l’appa-
rition de l’arc-en-ciel.
Trois hommes, trois peintres illustres, se révélèrent coup sur
coup à Florence vers la fin du treizième siècle :
Cimabué,
Giotto,
Giovanni de Fiesole, dit Fra-Angelico L
‘ Fra-Angelico était moine dominicain, et fut aussi admirable par ses vertus que
par ses talents. Le pape Nicolas V, dont il avait peint la chapelle, lui offrit l’ar-
chevêché de Florence, que Fra-Angelico refusa par modestie. Angelico mourut en
peignant et en priant, à soixante-huit ans. Cimabué, peintre et architecte, fut le