Merveilles du génie de l'homme : découvertes, inventions, récits, historiques, amusants et instructifs sur l'origine et l'état actuel des découvertes et inventions les plus célèbres / Par Amédée de Bast.

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tâter que dans l’Inde et dans la Haute-Asie, la cire était connue comme substance combustible plus de quinze cents ans avant la prise de Troyes. En Égypte, en Judée et en Grèce principalement, on faisait usage, de temps immémori#, de lampes, et parconsé- quent d’huile et de graisse d’animaux. Ce ne fut que vers la fin de la huitième olympiade, qu’on s’avisa dans ce dernier pays de mettre à contribution les abeilles pour fabriquer des torches et des flambeaux consacrés aux fêtes nocturnes de Diane, de Proser- pine et de Gérés. Bientôt la cire descendit du temple'des dieux dans le palais des rois, et l’on n’a pas oublié la réputation de la cire et du miel distillés par les abeilles du mont Hymette, au temps d’Aspasie et de Périclès. Les grandes nations de l’Afrique et de l’Asie, les Mèdes, les Perses, les Assyriens et les Égyptiens poussèrent très-loin l’art d’éclairer les temples, les palais, les édifices publics et les rues de leurs capitales. A Memphis, à Thèbes, à Babylone, à Suze, à Ninive, l’éclairage était si splendide, si prodigieusement éclatant, que les citoyens ne faisaient aucune différence entre le jour et la ‘nuit. Cet éclairage consistait en vases de bronze, de granit ou de pierre, placés de distance en distance sur la voie publique et remplis de graisse liquéfiée qu’une mèche de trois pouces de dia- mètre consumait lentement. Et quelques-unes des rues de ces gi- gantesques cités avaient plusieurs milles de longueur! et ces vaisseaux de bronze et de pierre pouvaient contenir chacun cent trente à cent quarante livres de matières à dépenser, c’est-à-dire la graisse de cinq ou six bœufs ! Quelle énorme consommation de bétail ! quelle dépense immense ! En vérité, la puissance et la ci- vilisation de ces nations, toutes mortes qu’elles sont, effraient l’i- magination; et quand, les yeux encore éblouis de tant de ruines cyclopéennes, de tant de grandeurs ensevelies sous l’herbe, on regarde autour de soi, on ne peut s’empêcher de sourire à l’as- pect de cette civilisation étriquée de notre pauvre petite Europe, dont les habitants, affublés du })alelot-bagne, du pantalon-bouffe et de la moustache de Crispin et de Mascarille, se croient les pre-