Merveilles du génie de l'homme : découvertes, inventions, récits, historiques, amusants et instructifs sur l'origine et l'état actuel des découvertes et inventions les plus célèbres / Par Amédée de Bast.
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il quitta la Normandie et la France, aussi léger, aussi intrépide
qu’un jeune aigle qui pour la première fois déserte son aire,
pour contempler face à face le soleil et disputer la victoire à
ses rivaux. Peut-être de Caus entrevoyait-il, à travers les.limbes
du présent, cette immortalité qui ne devait luire sur son nom que
deux siècles après sa mort et qu’il devait acheter au prix de sa
raison et de sa liberté!
Salomon de Caus passa en Angleterre, où la protection de
l’ambassadeur de France lui valut un emploi chez le prince de
Galles. Peu de mois après le jeune physicien quitta l’Angleterre
et courut en Allemagne, où l’Electeur de Bavière lui donna la
direction de ses jardins et de ses bâtiments. Ce fut pendant
son séjour en Allemagne que de Caus publia des ouvrages
marqués au coin de la science et de l’utilité : outre le livre des
Raisons des forces mouvantes dont nous avons déjà parlé, il
donna La perspective avec la mesure des ombres et miroirs,
VHortus palatium—le jardin de la Cour.—Cet ouvrage offre
la description des embellissements que l’auteur avait ajoutés au
jardin déjà splendide de l’Electeur; Institution harmonique,
dédiée à la reine d’Angleterre; La Pratique et la Démonstration
des horloges solaires.
Salomon de Caus revint en France vers les derniers mois
de l’année 1629. C’est vraisemblablement à cette époque qu’il
faut placer sa captivité et le commencement de sa lente et dou-
loureuse agonie. Salomon avait découvert la vapeur ; il en avait
longuement énuméré les péripéties et prouvé l’importance dans
un ouvrage où il établissait toute une doctrine, tout un système,
toute une révolution. Salomon avait voulu doter sa patrie de sa
merveilleuse découverte, et il espérait que l’initiative de la France
dans l’emploi de la vapeur dédommagerait le pays des pertes
occasionnées par les longues guerres civiles, en élevant sa prospé-
rité commerciale et sa puissance maritime à un degré inoui de
splendeur. Salomon de Caus fut présenté au cardinal de Riche-
lieu, et s’il faut en croire les faiseurs de mémoires, ce grand
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