Merveilles du génie de l'homme : découvertes, inventions, récits, historiques, amusants et instructifs sur l'origine et l'état actuel des découvertes et inventions les plus célèbres / Par Amédée de Bast.
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est si vraie, que l’on a composé de gros livres sur cet enfante-
ment des idées, lesquels livres n’ont pas enfanté une seule idée.
È't voilà pourquoi votre fille est muette.
Il a donc fallu donner à la France le temps de se reconnaître,
et de s’appeler, et de s’arranger dans ce chaos. Nous avons
entendu plusieurs ouvriers et plusieurs fabricants très-considérés,
se réjouir de deux ou trois jours de répit, comme d’une grande
victoire, et blâmer eux-mêmes leur précipitation, en même temps
qu’ils rendaient toute justice au sang-froid de leurs voisins, à cette
patience qui est la sœur du génie, à cette grandeur dans le projet,
cette libéralité dans l’exécution, à cette volonté implacable, et
surtout à ce respect du temps, qui nous manque à nous autres,
par la raison que nous ne respectons plus rien ni personne.
A peine eut-il entendu parler de ce projet d’une représentation
universelle des forces de l’industrie humaine, que soudain l’An-
glais se mit à l’œuvre ; et il ne renvoya pas au lendemain cette
affaire, sérieuse pour lui entre toutes les affaires sérieuses; il com-
mença tout de suite, à l’instant même ; et, comme il s’agissait
d’une grande bataille, il appela à son aide toutes ses forces, il mit
à l’œuvre tous ses ouvriers, il prodigua l’argent, comme fait un
peuple riche, qui ne craint pas que la terre lui manque, et qui
marche sur un terrain ferme. Ce sont là, sans nul doute, de grands
inventeurs ! mais, comme en fin de compte, nous pouvions nous
y prendre aussi vîte que nos rivaux, et que nous étions parfaite-
ment avertis par l’expérience ancienne et continue, de leur façon
d’agir, il ne faut nous en prendre qu’à nous-mêmes, si nous n’a-
vons été prêts aussitôt qu’eux. Heureusement nous allons vîte en
besogne, quand nous sommes une fois à l’œuvre, et cette parole
d’un homme d’Etat au chancelier de l’Echiquier : « Voulez-vous
m’accorder un petit quart d’heure pour m’expliquer le système
financier de l’Angleterre? » n’est pas pour nos industriels une
parole aussi insolite qu’elle le paraît au premier abord.
Notre supériorité sur toutes les industries est un fait si com-
plètement acquis, qu’aujouid’hui ce qui peut seulement nous inté-