Merveilles du génie de l'homme : découvertes, inventions, récits, historiques, amusants et instructifs sur l'origine et l'état actuel des découvertes et inventions les plus célèbres / Par Amédée de Bast.
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nération attachée à ces places, la plupart assez importantes, les moyens de soutenir plusieurs personnes utiles à la patrie. En vain Carnot et Lakanal s’élevèrent-ils avec une vertueuse éloquence contre ce nouveau genre d’abus dans les comités de la Convention. Sans exiger l’exclusion des sourds-muets des fonctions adminis- tratives , ils demandaient seulement qu’une infirmité ne fût plus un titre, et que les privilèges de la noblesse du mutisme ne rem- plaçassent pas la noblesse des parchemins et de la naissance. Leurs voix ne furent point écoutées, et on continua à recruter des sourds-muets pour meubler les bureaux de quelques administra- tions. L’Empire, qui faisait une grande consommation d’hommes complets, fut obligé de suivre les errements de la République, en admettant les sourds-muets dans les emplois administratifs; et la Restauration, ainsi que le gouvernement de Juillet, laissèrent les choses in statu quo. Cette bienveillance exclusive est féconde en inconvénients, comme tout ce qui est exclusif. Que penserait-on d’un État qui tirerait tous les officiers de son armée d’une école de bossus et de boiteux, redressés à grand’ peine dans un hôpital orthopédique? La déplorable manie que nous avons de tout emprunter aux An- glais — jurisprudence, modes, machines, expressions, inventions de toute espèce, que la plupart du temps ils ont eu primitivement l’adresse de nous voler — fait tomber les hommes les plus graves dans de singulières erreurs. Il y a quelques années, un savant académicien fit le voyage d’Angleterre, et à son retour, il s’em- pressa de lire à ses confrères le recueil des observations qu’il avait moissonnées dans ses courses à travers les trois royaumes. Assez semblable au rat voyageur de la fable, l’académicien aurait pu s’écrier aussi : Je passai les déserts, mais nous n’y bûmes point. Voilà les Apennins et voilà le Caucase... Le moindre taupiné était mont à ses yeux. C’est si beau l’Angleterre pour un Anacharsis français! Rref,