Merveilles du génie de l'homme : découvertes, inventions, récits, historiques, amusants et instructifs sur l'origine et l'état actuel des découvertes et inventions les plus célèbres / Par Amédée de Bast.
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est probable que cette victoire ne fut pas tout à fait due à l’in-
tervention des aérostats. Le quoique et le parceque trouvèrent
leur place à cette époque dans la polémique qui s’engagea sur
l’emploi et la convenance des ballons militaires. Le meilleur ballon
qu’on puisse avoir dans une armée, pour déjouer les ruses de
l’ennemi, disait Kléber, avec son accent alsacien, c’est la tête
d’un général expérimenté.
Cependant les ballons avaient de chauds partisans dans les
comités de la Convention, et un certain Conté, fonda, avec l’appui
du colonel Coutelle, une école d’aérostaliens à Meudon. Cette
école fut supprimée peu de temps après comme onéreuse et
inutile.
Lorsque le général Buonaparte se mit à la tête de l’armée d’É-
gypte , il trouva, au nombre de ses troupes, deux compagnies
d’aérostatiens, et dans son matériel, deux aérostats de la plus
laide et de la plus grossière structure. Le jeune général n’était point
homme à conserver dans son armée des soldats parasites et des
engins inutiles. Il commença par incorporer les prétendus aérostiens
dans les compagnies du génie, et quant aux deux ballons, il s’en
débarrassa très-galamment dans la fête qu’il donna au Kaire pour
jè ne sais quelle commémoration républicaine. Les deux aérostats,
enflés tant bien que mal par les soldats du génie, s’enlevèrent
majestueusement dans les airs, ornés des emblèmes de la Répu-
blique , au grand ébahissement du peuple du Kaire, et allèrent,
avec leurs fragiles trophées, se crever contre le Sphinx de granit,
qui garde depuis quatre mille ans les débris de la civilisation
égyptienne et les glorieux ossements de Sésostris.
L’Europe et la France, à tort ou à raison, ne s’occupaient guère
de ballons sous l’empire. Les esprits étaient subjugués par bien
d’autres pensées, et les rayons du soleil d’Austerlitz, d’Iéna et de
Wagram avaient seuls le glorieux privilège de fixer les regards
et l’attention des Français. Cependant, dans ce temps-là même,
d’aventureux aéronautes se révélèrent : Madame Blanchard, Gar-
nerin, Margat et quelques autres opérèrent des ascensions qui