Merveilles du génie de l'homme : découvertes, inventions, récits, historiques, amusants et instructifs sur l'origine et l'état actuel des découvertes et inventions les plus célèbres / Par Amédée de Bast.
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si l’on peut s’exprimer ainsi, fit en peu d’années d’immenses
progrès, et du quatorzième au quinzième siècle, toutes les belles
cathédrales de l’Europe s’enrichirent d’horloges qui étaient autant
de chefs-d’œuvre de patience, de foi et de savoir. Les voûtes
hardies et presque célestes de nos églises gothiques, romanes ou
sarrasines, ne servirent plus seulement d’échos sacrés aux mugis-
sements des cloches et des bourdons, elles répétaient aussi amou-
reusement les notes argentines des carillons; et le grave marteau
qui frappait les heures sur une enclume de bronze semblait être,
entre le formidable concert des cloches échevelées et les suaves
cantilènes du carillon de l’horloge, la voix de Dieu même qui
annonçait la fuite du temps et l’approche de l’éternité.
Deux horloges en France, l’horloge de Strasbourg et l’horloge
de Lyon, ont eu et possèdent encore une réputation européenne.
L’horloge de Strasbourg, dont les rouages compliqués excitent
tout d’abord la surprise et l’admiration, ne fut achevée qu’en 1573.
Celle de la cathédrale de Saint-Jean, à Lyon, fut construite en
1598, par un horloger de Bàle appelé Nicolas Lippius, et res-
taurée par Guillaume Nourisson, horloger de Lyon. Cette magni-
fique pièce, plus compliquée peut-être encore que l’horloge de
Strasbourg, excite encore par la variélé, la précision, la délicatesse
et la multiple industrie de son ensemble, la curiosité, rétonnement
et l’admiration.
Paris posséda, à la fin du quatorzième siècle, une horloge cons-
truite à l’instar de celle de Padoue. Charles V, qui l’avait com-
mandée à l’un des meilleurs élèves de Dondis, Jules Pignolli,
voulut qu’elle lût placée sur la tour du palais. Cette horloge fut
la première horloge publique de Paris; l’horloge du palais des
Tournelles fut la seconde; la Samaritaine, sur le Pont-Neuf, fut la
troisième*.
* La Samaritaine était une espèce de château d’eau ou de fontaine construite
sur la première arche du Pont-Neuf, du côté de la rue de la Monnaie. On appelail
ainsi cette fontaine, à cause d’un groupe représentant Jésus-Christ et la Samari-
ta iic ([ui dominait le bassin supérieur de ce monumenl. Une horloge cl un ca-