Merveilles du génie de l'homme : découvertes, inventions, récits, historiques, amusants et instructifs sur l'origine et l'état actuel des découvertes et inventions les plus célèbres / Par Amédée de Bast.
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Depuis le seizième siècle, le nombre des horloges publiques s’est
considérablement augmenté à Paris. Sous Louis XIII, on en
comptait soixante-seize; sous Louis XIV, cent quarante-sept; sous
Louis XV, cent quatre-vingt-onze; sous Louis XVI, deux cent
sept; sous la République, le Consulat et l’Empire, trois cent deux.
Aujourd’hui, ce dernier nombre est bien surpassé; car il n’est
pas d’usine, de manufacture, d’atelier qui n’ait un cadran osten-
sible. Le temps, qui est devenu une marchandise, comme le sucre
et la morue, se mesure partout et n’est apprécié nulle part.
On a introduit dans les horloges des monuments publics, depuis
quelques années, une assez bizarre, une assez puérile innovation^
— qu’aucuns appellent une amélioration, — on illumine les ca-
drans pendant la nuit, — quand on y pense toutefois, et quand
l’appareil de l’éclairage n’exige pas de promptes réparations, ce
qui n’arrive que trop souvent ; — mais ce soin, quelque peu fan-
tasmagorique et enfantin, qui ne remplace que bien faiblement les
sonneries et les carillons du quinzième et du seizième siècle,
n’invite pas les hommes à faire un meilleur usage du temps qui
vole — fugit irreparabile tempiisH — et notre misérable siècle
emporte, malgré la lumière de ses cadrans, au rendez-vous général
et suprême plus de sottise que de raison, plus de crimes que de
vertus, plus de mauvaises que de bonnes actions.
Les philosophes et les physiologistes ont remarqué que les
grands mécaniciens, les horlogers habiles, les géomètres infati-
gables, se révélaient principalement dans les classes de la société
où la solitude fait en quelque sorte partie de la profession. Ainsi,
on a reconnu que les bergers, les pâti’es, les bûcherons, les char-
bonniers (non les Auvergnats-charbonniers des grandes villes,
mais les charbonniers véritables, les charbonniers des forets),
les mineurs, avaient une aptitude merveilleuse pour les calculs, la
combinaison, la stratégie des nombres. Nos plus célèbres savants
rillon, qui se faisait entendre à toutes les réjouissances publiques, surmontaient
l’édifice, et lui donnaient une physionomie tout à la fois chromatique et aqua-
tique.