Merveilles du génie de l'homme : découvertes, inventions, récits, historiques, amusants et instructifs sur l'origine et l'état actuel des découvertes et inventions les plus célèbres / Par Amédée de Bast.
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nies britanniques, cet Anglais eut haussé les épaules, et, dans son incrédulité, aurait traité de rêveur et d’insensé l’homme qui lui aurait tenu ce langage. L’Anglais est positif, et ne croit ni aux prodiges, ni aux miracles. Cependant ce miracle devait éclater, ce prodige devait s’accomplir : quelques gouttes d’eau, quelques char- bons enflammés suffisent aujourd’hui pour franchir d’effroyables distances, et la vapeur a donné des ailes au corps de l’homme, comme l’imprimerie, au quatorzième siècle, donna des ailes à sa pensée. L’invention de la machine à vapeur est si merveilleuse, si im- portante, qu’il ne faut pas s’étonner que les diverses nations aient cherché à se l’attribuer. Les Anglais, comme toujours, ont reven- diqué cette précieuse découverte pour leur pays ; mais la France a de meilleurs titres que les leurs, et si les Anglais ont perfectionné, les Français ont inventé. Cependant, malgré la haute opinion que les modernes ont d’eux- mêmes, il faut reconnaître que l’anliquité nous a encore précédé dans l’étude et l’application de la vapeur. On soupçonne avec quelque fondement qu’Archimède n’ignorait pas les propriétés de la vapeur; et il est certain que Héron d’Alexandrie, qui florissait un siècle après Archimède, s’était aperçu de la force de réaction de la vapeur ; car il faisait tourner une sphère remplie de vapeur élastique en laissant celle-ci s’écouler par un trou percé sur le côté d’un tuyau adapté à la boule de cet éolipyle. Au moyen-âge, et sous le règne de Justinien, un moine grec lit cuire en moins d’une heure trois bœufs entiers nécessaires à la nourriture d’un corps de troupes qui était venu camper sous les murs de son monastère. Le moine passa pour sorcier, et sa conduite fut déférée à l’empereur et au patriarche de Constantinople. Il se justifia si bien, et les procédés qu’il avait employés pour nourrir les défenseurs de la patrie parurent si orthodoxes, qu’il fut nommé peu de temps après évêque de Césarée. Dans ce poste éminenir, il put se livrer tout à son aise à la culture de l’astronomie et de la physique sans craindre de nouvelles persécutions. Ce