Merveilles du génie de l'homme : découvertes, inventions, récits, historiques, amusants et instructifs sur l'origine et l'état actuel des découvertes et inventions les plus célèbres / Par Amédée de Bast.
385/490

350 (canvas 386)

The image contains the following text:

dangereux n’est plus le monopole exclusif de quelques hardis esprits en forfaits et en connaissances physiques; il rampe avec les ruisseaux des rues, il s’élève avec les ballons, il nage avec les navires, il s’accroupit au coin du foyer domestique. Votre bou- langer est chimiste, votre coiffeur est chimiste, votre boucher est chimiste, votre maçon, votre cuisinier, votre glacier, votre épicier, votre pâtissier sont des chimistes; estimez-vous heureux, trois fois heureux si votre marchand de vin ne l’est pas, mais il l’est. Quand on songe qu’il y a en France seulement plus de quatre-vingt mille individus médecins, chirurgiens, officiers de santé, dentistes, oculistes et apothicaires qui doivent par état s’i- nitier aux plus arcanes mystères de la chimie, et qui sont plus ex- perts que Locuste, que la Brinviliiers, que le chevalier de Lor- raine, que le grand Paracelse lui-même dans la combinaison el dans la composition des substances, on est effrayé d’une semblable diffusion de lumières. Si ensuite, sur ce nombre effroyable de quatre-vingt mille, — non pas savants, mais ouvi iers en chimie, — vous supposez, selon les plus modestes hypothèses mathéma- tiques et selon les lois les plus étroites de la statistique morale, mille scélérats, mille ambitieux et mille étourdis, vous frémirez des pé- rils que court cette pauvre société française, qui se trouve exposée non pas seulement à ces empoisonneurs habituels en politique, en morale et en littérature, mais encore à ces légions de guérisseurs qui cachent trop souvent sous le bonnet de docteur le bonnet d’âne de Midas et le bonnet rouge de Splnosa, c’est-à-dire l’ignorance et l’athéisme, les dmx fléaux de ce siècle, les deux lèpres morales qui doivent inévitablement nous conduire de la négation de Dieu à la négation de notre nationalité et de notre civilisation. Notez bien que dans ce chiffre de trois mille scélérats, ambi- tieux et étourdis nous n’avons pas compris les pauvres diables qui, sans être précisément entraînés par les affreux attraits du crime et de la perversité, sont pourtant, par leur indigence même, les esclaves de ceux qui sont assez riches pour commettre des