Merveilles du génie de l'homme : découvertes, inventions, récits, historiques, amusants et instructifs sur l'origine et l'état actuel des découvertes et inventions les plus célèbres / Par Amédée de Bast.
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— Sire, daignez placer à la boutonnière de votre habit quel- ques fleurs du bouquet que je viens d’avoir rhonneur de vous offrir; que toute la cour, en venant déposer aux pieds de Votre Majesté les vœux et les hommages de la Saint-Louis, voie que votre auguste patronage est acquis, pour toujours, à l’humble tu- bercule qui doit assurer la subsistance des populations à venir. — Je ferai plus encore. Monsieur, répondit Louis XVI, je ferai servir aujourd’hui même des pommes de terre sur ma table, et la Reine saura bien trouver le moyen de placer quelques-unes de ces fleurs dans sa coiffure. — Sire, répliqua Parmentier dont l’émotion se trahissait malgré lui, l’illustre exemple que vous allez donner ne sera pas perdu. Votre Majesté en reconnaissant, il y a cinq ans, l’indépendance des États-Unis d’Amérique, a signé le pacte de la liberté du monde; aujourd’hui. Sire, en accueillant la pomme de terre, vous signez le pacte d’abondanee. Le roi tint parole. Les cour- tisans qui affluèrent à Versailles le soir même, virent le roi, la reine, les enfants de France parés de la fleur du tubercule jusques- là si méprisé L Comme d’ordinaire, ce fut à qui imiterait le maître, et les habits de tous les seigneurs de la cour, les coiffures de toutes les dames s’ornèrent à l’envie de ces fleurs. Le vieux comte de Maurepas, dont on peut fort bien contester les talents de premier ministre, mais auquel on ne refusera pas les instincts de l’honnête homme et du bon citoyen, dit cé même soir au roi avec sa familiarité habituelle : « Sire, je ne saurais trop vous témoigner de reconnaissance pour le bonheur dont vous m’avez fait jouir aujourd’hui. Cette simple fleur, conquête pacifique de l’agriculture,, que vous portez à votre habit, vous rendait plus cher et plus respectable à mes yeux, que votre grand collier de l’ordre du Saint-Esprit. O mon ^ Les journaux du temps affirment cpie plusieurs jardiniers et cultivateurs des environs de Versailles réalisèrent ce jour^là d’énormes bénéfices. Une simple fleur de pomme de terre se vendait jusqu’à dix louis aux alentours du château, et encore tous les courtisans ne purent-ils pas s’en procurer, 13