Merveilles du génie de l'homme : découvertes, inventions, récits, historiques, amusants et instructifs sur l'origine et l'état actuel des découvertes et inventions les plus célèbres / Par Amédée de Bast.
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moment même où ils faisaient venir en Espagne les plus belles races
bovines et chevalines de l’Afrique, au moment où ils couvraient
les gras pâturages de l’Andalousie, du royaume de Murcie, de
Gordoue et de Grenade de ces moutons à toisons soyeuses qui
devaient plus tard enrichir les deux Castilles, ils fouillaient les
montagnes, exploraient le littoral des fleuves et des rivières,
pratiquaient de profondes excavations et retiraient de cette terre,
vierge encore, de l’or, de l’argent, du cuivre, du jaspe, du por--
phyre, de l’albâtre, du marbre et des pierres précieuses, dont le
génie de leurs maçons sublimes faisait des mosquées, des cita-
delles , des phares et des alhambras.
L’art de conduire et de diriger les travaux des mines fit de
grands progrès au seizième siècle lors de la découverte de l’Amé-
rique ; le Mexique et le Pérou offrirent surtout aux ingénieurs et
aux mineurs de l’Europe septentrionale un vaste théâtre où ils
coururent exercer leurs talents et mettre à profit leur expérience.
Il est notoire que les premiers mineurs européens du Pérou ne
furent pas des Espagnols, mais des Suédois, des Danois, des Hol-
landais et des Flamands. Les gains immenses que l’on disait re-
tirer de ces travaux étaient un appât assez puissant pour déter-
miner des émigrations nombreuses et entraîner des hommes qui,
rameurs infatigables et mal payés sur les styx souterrains de l’Eu-
rope, espéraient voguer à pleines voiles sur le pactole du nouveau
monde, et revenir bientôt dans leur pays troquer les lingots de
Guatimozin contre une mine de fer, une forêt à grès rhunique
ou une minière de cuivre.
Les souverains du Mexique, les Incas du Pérou avaient bien
creusé des carrières et exploité les mines depuis un temps immé-
morial; mais la nonchalance naturelle de ces peuples, leur peu
de connaissances dans l’art de fabriquer les machines et dans la
statique, et surtout l’espèce de froideur avec laquelle ils recueil-
laient les métaux précieux, justifiaient bien l’adage latin : Ab as-
suetis non fit passio; toutes ces raisons réunies rendaient les
mines du Mexique et du Pérou fort peu productives, eu égard à
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