Merveilles du génie de l'homme : découvertes, inventions, récits, historiques, amusants et instructifs sur l'origine et l'état actuel des découvertes et inventions les plus célèbres / Par Amédée de Bast.
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sans clocirine, des rhéteurs sans éloquence, et des étrangers vomis sur le sol de la Grèce hospitalière à la suite des révoltes dt quelques royaumes de l’Asie, qui occupèrent le ciseau des indignes héritiers de Phidias, et déshonorèrent la ville de Minerve et la liberté elle-même. LysippeS qui florissait du temps d’Alexandre le Grand, ne put opposer une digue au torrent, mais il sut, du moins, retenir l’art dans les limites du vrai, et s’efforça de le rappeler dans les bornes de l’honnêteté. Ses vœux ne furent pas tout à fait exaucés ; mais il laissa après lui trois fils, Dahippe, Bedos et Eutycrates, qui ho- norèrent la Grèce, et qui s’honorèrent eux-mêmes en pratiquant les leçons et en suivant les exemples de leur illustre père. La période Lysippienne, qui commença 334 ans avant Jésus- Christ, fut la dernière où fleurit la sculpture grecque, et le Laocoon fut l’expression dernière et suprême de cet art magnifique qui, né dans l’Attique, se répandit, sinon dans toute sa pureté, du moins dans toute sa splendeur, deux mille ans plus tard, dans toutes les parties de l’Europe civilisée. Ainsi le colossal, qui avait mar- qué l’art grec à son aurore, le signala encore à son déclin, et l’admirable et monstrueux groupe de Laocoon toucha, du moins ‘ Lysippe avait été serrurier; il se fit peintre et ensuite sculpteur, par le conseil du peintre Euponipe, qui lui indiqua la nature pour maître et pour modèle. Lysippe excellait dans l’art de reproduire les clievaux, et il fut le premier statuaire qui fit les tètes d’hommes plus petites et les corps moins gros, ce qui lui faisait dire : " Les auti'cs ont représenté dans leurs statues les hommes tels qu’ils étaient faits; moi, je les r'e])résente tels qu’ils paraissent. Alexandre le Grand ne permit (}u’au seul Lysippe de tailler sa figure dans le marbre. C’est ce (jui a fait dire à Horace : Edicto vetuil, ne quies se, prœtei' Apelcm, Pingeret, aul alius Lysippo duceret œra Fouis Alexandri viiUum sinmlanlia. Lysippe fit un grand nombre de chefs-d’œuvre, entre autres la statue du soleil à Rhodes, et un Homme sortant du bain, qui faillit amener une révolte du peuple romain sous Tibère ; car l’empereur ayant fait enlever cette statue, qui se trouvait devant les thermes d’Agrippa, le peuple en conçut un si violent déplaisir, qu’en plein théâtre il demanda à grands cris (pCon remît à sa place le chef-d’œuvre de Lysippe, quoique Tibère eût fait dresser sur le même piédestal une fort belle statue de Scopas. Les clameurs furent si vives que Tibère, tout Tibère qu’il était, donna l’ordre de rendre aux Romains le chef-d’œaivre qu’ils affectionnaient si fort.