Merveilles du génie de l'homme : découvertes, inventions, récits, historiques, amusants et instructifs sur l'origine et l'état actuel des découvertes et inventions les plus célèbres / Par Amédée de Bast.
34/490

25 (canvas 35)
The image contains the following text:
— L’eslime publique. César, et rien déplus, répliqua l’agro-
nome; avec elle je suis largement récompensé de mes travaux et
de mes veilles.
— Elle est acquise à tes talents et à ta vertu , tit l’empereur.
— Puis, Seigneur, reprit Columelie, si vous avez daigné com-
prendre l’importance de l’agriculture, l’importance surtout de l’en-
courager et de la replacer au rang honorable qu’elle occupait dans
les premiers temps de la République, eb bien ! au nom du père
des dieux protecteur de Rome et de l’Empire, au nom de la patrie
et de l’humanité, au nom de mes faibles efforts, que vous voulez
bien décorer du nom de vertu; accordez. César, accordez à l’art
sublime qui nourrit l’homme, à l’art qui fait surgir du sol des
soldats et des coursiers pour vos légions, des voiles et des câbles
pour vos navires, accordez à cet art, je dirai mieux, à cette science
une part dans vos bienfaits et dans vos encouragements. L’agri-
culture, seigneur, ne sera point ingrate et elle saura vous récom-
penser au centuple de ce que vous aurez fait pour elle. Les mêmes
sillons qui produisent le blé pour nourrir les peuples produisent
aussi. César, les lauilers qui couronnent la tête des grands princes !
Seigneur, Jules César s’est immortalisé par ses victoires; votre
aïeul, César-Auguste, par la magnifique protection qu’il accorda
aux lettres. R reste une place à prendre, un titre à conquérir,
c’est celui de père de la patrie et de protecteur de l’agriculture.
César, vous prendrez cette place, vous mériterez ce titre ; c’est moi
qui vous le dis, et cet oracle est plus sûr que toutes les prophéties
des vers sybilliens.
— Oui, Columelie, oui, répondit Claude, vivement ému des
paroles et de la vertueuse modestie du laboureur, tes sentiments,
tes opinions, tes espérances ont passé dans mon âme. Je veux être,
je serai, j’en atteste ici les Dieux immortels, le protecteur de
l’agriculture comme je suis le maître du monde. Désormais la
pourpre des Césars ne brillera plus seulement au front des ar-
mées, aux jeux de l’amphithéâtre, aux fêtes du Champ-de-Mars ;
on la verra flotter aussi dans les pacifiques mystères de Cybèle,