Merveilles du génie de l'homme : découvertes, inventions, récits, historiques, amusants et instructifs sur l'origine et l'état actuel des découvertes et inventions les plus célèbres / Par Amédée de Bast.
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chiffre déjà effrayant, et l’on trouverait qu’un quart de million
d’âmes luttent contre la mort dans un espace d’un mille carré !
Qu’on s’étonne encore que dans White-Chapel, par exemple,
chaque famille n’ait qu’une chambre pour se loger, et que souvent
deux familles habitent une même chambre, et qu’il arrive par-
fois que les quatre coins d’un misérable réduit soient occupés par
quatre lits, dans chacun desquels gisent pêlent-mêleun père, une
mère et trois ou quatre enfants ! M. Léon Faucher, l’économiste-
libre-échangiste et libéral de la veille, a cité, dans son remar-
quable ouvrage sur l’Angleterre, une enquête faite dans le West-
End, le quartier aristocratique de Londres, qui a démontré que
« dans la seule paroisse de Saint-George, 929 familles n’avaient
chacune, pour habitation, qu’une seule chambre, et que dans
623 cas, la famille était réduite à un seul lit. » Et l’on appelle
cela vivre !
El l’on nomme ces prisons mortelles, où les hommes sont en-
tassés pêle-mêle comme des cadavres dans une fosse commune,
des villes florissantes et gigantesques! Et l’on plaint le laboureur
qui travaille sous le soleil, à l’air pur et libre dans les champs, face
à face avec Dieu, dans quelque plaine immense ou sur le penchant
de quelque colline élevée ! Et l’on plaint le pêcheur qui s’en va,
bercé par la vague, respirant à pleins poumons le vent des mers,
chercher la vie ou la mort dans les flots qui le portent! Qu’on
plaigne donc plutôt celui que ses besoins ou ses plaisirs retiennent
dans ces tombeaux de l’âme et du corps qu’on ose appeler des
villes!
Certes, ces réflexions sont les premières qui viennent à l’esprit
quand on a passé seulement un jour à Londres. D’abord, étourdi
par le mouvement perpétuel qui vous entoure, vous enveloppe et
vous entraîne, on regarde avec surprise le spectacle nouveau et
étrange qu’on a devant les yeux. On éprouve à peu près la même
sensation qu’en entrant dans une de ces immenses manufactures
où mille métiers, mis en mouvement par la vapeur, manœuvrent
avec la rapidité de l’éclair et avec un bruit incessant. Il semble,