Merveilles du génie de l'homme : découvertes, inventions, récits, historiques, amusants et instructifs sur l'origine et l'état actuel des découvertes et inventions les plus célèbres / Par Amédée de Bast.
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un poète de notre temps a dit : Si natiira negat, facit indignatio versus; c’est aussi rindignation qui m’a fait saisir la plume et qui m’a poussé à écrire. J’ai jeté un long regard sur les vieux temps de la République, et j’ai vu que ses premiers citoyens avaient été des laboureurs. Soldats, quand la patrie et la liberté étaient me-, nacées ; nos ancêtres après la victoire retournaient pleins de joie à la charrue qu’ils avaient un instant délaissée. Les conquêtes faites par le soc nourricier, sur des terres ingrates, dans des landes stériles n’étaient pas moins précieuses à leurs yeux que les conquêtes qu’ils devaient à leur indomptable courage et à leur discipline guerrière. Les pénates d’argile de ces vertueux citoyens n’étaient pas moins ennoblis par les blonds épis qui crois- saient dans le Latium, à force de sueurs et de travaux, que par les étincelantes dépouilles des Sabins, des Volsques et des Etrus- ques. Seigneur, c’était le beau temps de la République, car l’a- griculture instruit et façonne les hommes au travail, à la frugalité, à la vertu. Que sont devenues, hélas! ces saintes traditions de nos pères ! ! Où est le travail? Où est la frugalité? Où est la vertu? Un luxe dévorant et corrupteur a remplacé ce culte auguste et véné- rable de nos premiers citoyens. Est-ce derrière une charrue que Rome va chercher aujourd’hui ses consuls, scs généraux et ses magistrats? Le champ cultivé par Cincinnatus, par Duilius, par Curtius, est abandonné aux mains mercenaires d’un esclave ou d’un affranchi. Nous rougissons de demander à la terre de Ro- mulus le pain (jui nous nourrit ; et le principal tribut que nous im- posons aux peuples subjugués, c’est de fournir nos greniers de blés et nos cirques de bêtes féroces ! Dans quel avilissement, hélas ! est tombé de nos jours l’art enseigné par Triptolème! ! Je vois des écoles très-fréquentées par les rhéteurs, les géomètres, les musi- ciens, les cuisiniers et les coiffeurs ; je déplore, grand empereur, que le premier des arts, que l’agriculture soit le seul pour lequel il n’y ait ni maîtres, ni disciples ! Heureux, trois fois heureux, seigneur, si je puis par mes écrits, par mes exemples et surtout par votre appui tutélaire, rappeler aux Romains que Cybèle ne doit pas être