Merveilles du génie de l'homme : découvertes, inventions, récits, historiques, amusants et instructifs sur l'origine et l'état actuel des découvertes et inventions les plus célèbres / Par Amédée de Bast.
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la morale et elles-mêmes, deviennent le patrimoine ordinaire des charlatans, des imposteurs et des fripons. Le dix-hui- tième siècle, le siècle de l’incrédulité, de l’encyclopédie et de la philosophie génevoise, avant de se noyer dans le sang se pros- titua dans les burlesques méandres de la sottise et du ridicule. Janot régna sur les tréteaux de la foire comme l’horloger Caron de Beaumarchais sur la scène illustrée par Molière ; les Percherons et la Courtille furent les annexes des salons de Versailles et des boudoirs de Trianon ; le scandaleux procès du collier détruisit, d’un seul coup, le bienfaisant prestige (lu pontificat et du trône, et pour comble de stupidité, trois hommes sortis on ne sait d’où, un fou, un fripon et un fanatique, vinrent tour à tour exploiter la curiosité, les hommages et l’admiration d’une cour frivole, d’une bourgeoisie aveugle et d’un peuple fatigué de son Dieu, de son roi, et de ses institutions de quatorze siècles. Le fou était le comte de Saint-Germain, ce Mathusalem de cour, qui prétendait avoir hanté le palais duTétrarque Hérode, à Jéru- salem, et les tentes d’Alaric sur les bords de l’Arno; le fripon, le comte escamoteur Cagliostro ; le fanatique, ou plutôt le rêveur, Mesmer, qui mêla l’idéologie allemande à la métaphysique des Mages et des Druides. A Dieu ne plaise, cependant, que nous confondions Mesmer et sa doctrine avec les arlequinades historiques du comte de Saint- Germain et les tours de gibecièi'e du prétendu comte de Cagliostro ; que nous confondions surtout une conviction naïve, profonde, pleine de charité, il faut le croire, avec les fades calculs d’un intrigant titré et d’un saltimbanque de qualité. Non, sans doute. Le docteur Mesmer est à nos yeux, et aux yeux de tous les hommes qui pensent, un esprit vaste, pénétrant, nova- teur ; mais il eut le tort, coinme la plupart de ceux qui établissent un système, de renfermer sa doctrine dans le domaine de l’absolu ; il commit surtout la faute, au début de sa carrière scientifique, de s’entourer de ces niais, de ces panégyristes maladroits, satel- lites ordinaires des astres intellectuels qui s’élèvent à l’horizon du