Merveilles du génie de l'homme : découvertes, inventions, récits, historiques, amusants et instructifs sur l'origine et l'état actuel des découvertes et inventions les plus célèbres / Par Amédée de Bast.
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d’Athènes possédait plus de six cents tableaux capitaux dans le temple de Minerve et dans plusieurs autres édifices publics. Le poète dramatique Pacuvius, et Claudius Pulcher, avocat, peignirent également des décorations de théâtres ; mais lesJsRo- mains ne connurent réellement les arts et ne leur accordèrent de protection qu’après que Sylla eût ruiné la Grèce et ramené avec lui, pour les pompes de son triomphe, tous les trésors artisti- ques des républiques grecques vaincues et soumises. Et pourtant le préjugé qui reléguait l’art de la peinture dans les professions manuelles existait toujours! Quintus Pedius, muet de nais- sance, fils d’un personnage consulaire, eut besoin d’une permis- sion d’Auguste pour apprendre à manier le pinceau. Du règne d’Auguste au règne des Antonins, les Grecs fugitifs furent les seuls peintres de Rome, et ces artistes se bornèrent à décorer, à embellir, à illustrer les habitations privées. Les Romains em- jjloyèrent même le talent des peintres grecs à des usages beaucoup plus graves. Quintilien nous assure avoir vu plusieurs fois les ac- cusateurs faire exposer dans le Tribunal un tableau où le crime dont ils poursuivaient la vengeance était représenté \ afin d’exciter l’indignation des juges et la compassion du public. * Beaucoup de gens se rappellent encore le beau tableau de Proud’hon qu’on avait placé, il y a une cinquantaine d’années, dans la salle d’audience du tribunal criminel du département de la Seine. Ce tableau représentait la Justice et la Vengeance divine poursuivant le crime, et remplissait admirablement le but que l’on voulait atteindre. Tous les assassins qui comparaissaient devant le tri- bunal ne cessaient de contempler ce chef-d’œuvre, qui éveillait en eux sinon le remords, du moins l’épouvante et la triste certitude de ne point échapper au glaive que la poétique inspiration du peintre faisait briller devant eux. On a vu des scélé- rats endurcis s’évanouir à la suite de la muette contemplation de ce chef-d’œuvre d’exécution, d’ordonnance et de poésie. Depuis trente cinq ans environ, le tableau de Proud’hon a été remplacé par un Christ; et, il faut l’avouer, l’aspect de l’homme-Dieu expirant sur la croix pour le salut de l’humanité, et ne demandant au criminel que du repentir et de la foi pour regagner un pardon (jue le sang de Jésus-Christ a déjà conquis, est plus consolant pour les malheureux... quand ils croient encore, et quand ils ne sont pas descendus au rang des bêtes fauves et des matérialistes à poignard. Au surplus, la peinture a fait naître en tous temps des miracles. Saint Grégoire de Naziance nous apprend qu’une courtisane s’étant rendue un jour dans une