Merveilles du génie de l'homme : découvertes, inventions, récits, historiques, amusants et instructifs sur l'origine et l'état actuel des découvertes et inventions les plus célèbres / Par Amédée de Bast.
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seules et sans rivales, le sceptre du commerce, virent surgir, au
midi et au nord de TEurope, des peuples qui devaient les dépasser
de toute la longueur d’un monde. Les Pisans, les Vénitiens, les
Hollandais, les Portugais et les Espagnols, trouvèrent le secret du
commerce, et ces nations prirent un essor si prodigieux, dé-
ployèrent coup sur coup tant d’audace et de sagesse, de patience
et d’intrépidité, qu’on put croire un instant que la couronne du
monde allait passer, du front des derniers César, au front des pre-
miers marchands. Mais les Pisans, les Florentins, les Génois, les
Vénitiens, qui devaient leurs trésors et leur puissance à l’héroïque
et sainte aventure des croisades, ne purent soutenir le choc de la
révolution commerciale opérée par les découvertes de Colomb,
de Cortez et de Vasco de Gama. La fortune avait tourné
le dos au Nil, à l’Euphrate, au Tigre, au Jourdain et auBory-
sthène; elle s’était envolée, sur la proue des navires d’Espagne,
aux bords de l’Ohio, de la Delaware et du Mississipi. La Hanse-
Teutonique se ranima ; les Espagnols, les Portugais et les Hol-
landais se partagèrent le Nouveau-Monde comme les capitaines
d’Alexandre s’étaient partagé l’ancien ; et Pise, Florence, Gênes
et Venise descendirent toutes vivantes dans la sépulture des nations
déchues. A dater du dix-septième siècle, les Espagnols, les Portu-
gais et les Hollandais tombaient également en décadence ; et, au-
jourd’hui , la Carthage moderne, l’habile et hère Angleterre, a
recueilli la succession de toutes ces républiques puissantes, de
toutes ces radieuses monarchies. Elle règne sur les cadavres de
Venise, de Florence, de Lisbonne, d’Amsterdam et de Madrid, et
comme la soif de conquête et d’agrandissement est inextinguible,
peu satisfaite d’avoir démembré des royaumes, d’avoir fait égor-
ger des millions d’hommes au nom de principes qu’elle n’admet
pas, qu’elle désavoue même dans l’occasion, cette Tyr, cette Car-
thage, cette Alexandrie nouvelle, insaisissable au milieu des flots
qui lui servent de remparts, attire dans son giron tous les fana-
tismes, toutes les passions, toutes les fureurs, pour rejeter ensuite
sur le Continent, à l’exemple de la baleine biblique, des milliers