Merveilles du génie de l'homme : découvertes, inventions, récits, historiques, amusants et instructifs sur l'origine et l'état actuel des découvertes et inventions les plus célèbres / Par Amédée de Bast.
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terre d’engendrer la lèpre; on la regardait comme très-bonne et
très-utile pour engraisser les bœufs et les porcs, mais les villageois
comme les citadins auraient rougi de partager la nourriture des
animaux. Les plus pauvres paysans se hasardaient bien à en
manger, mais c’était avec une espèce de honte, avec crainte, et
presque toujours ils s’en cachaient comme on se cache en com-
mettant une mauvaise action. Vainement M. Turgot, intendant de
Limoges et précédemment d’Angers, avait-il voulu, en étendant
la culture de la pomme de terre dans les provinces confiées à ses
soins, en populariser l’usage. Sa sollicitude philantropique était
venue se briser contre les superstitions et les routines des popu-
lations.
Dans cet état de choses il fallait que la Providence suscitât un
apôtre, un sage, un philosophe puissant par l’érudition, l’expé-
rience, l’amour de son pays, par la force morale que donnent
les convictions profondes. Cet homme se trouva, ce fut Parmen-
tier.
L’Académie de Besançon avait proposé en 1771 pour sujet de
son prix : VIndication des substances alimentaires qui pou-
vaient atténuer les calamités d’une disette. Parmentier concou-
rut; et dans un mémoire chaleureux, plein d’idées véritablement
grandes, utiles et neuves, semé d’excellentes observations agro-
nomiques, et dans lequel il appréciait sévèrement les expé-
riences arriérées des adversaires de la pomme de terre, il
prouva que la culture de ce légume était désormais le salut des
nations. « Ce tubercule, dit-il, doit être parmi nous le puissant
auxiliaire du blé ; avec lui on ne doit plus craindre les famines
qui ont affligé l’Europe au moyen-âge et même dans les derniers
siècles. La facilité de la culture de la pomme de terre, la propriété
qu’elle possède à un si haut degré de croître dans tous les terrains
et sous toutes les températures, la richesse et l’abondance de sa
production presque miraculeuse, tout doit inviter nos agricul-
teurs à lui accorder une importance qu’elle n’a pu obtenir jusqu’à
ce jour ; mais là ne doit pas s’arrêter notre reconnaissance. Trop